1.28.2013

Le mécanisme moléculaire qui protège les neurones des patients atteints de la progéria

La progéria est une maladie génétique extrêmement rare caractérisée par un vieillissement prématuré et acceléré chez les patients atteints. La mutation dans le gène LMNA, qui code pour les lamines du type A et du type C, est à l’origine de cette maladie.

Les lamines sont des protéines essentielles de la membrane et la matrice nucléaires, ils jouent un rôle structural dans le maintien de la structure nucléaire, et un rôle dans la régulation génique. Ces protéines sont donc importantes dans le maintien de la rigidité nucléaire et la communication cellulaire. Dans le cas de la progéria, la mutation dans le gène LMNA qui code pour la lamine A cause la production d’une protéine défectueuse et toxique qui s’appelle la progérine. La progérine s’accumule d’une façon aberrante et cause des dégâts cellulaires et un phénomène de sénescence cellulaire prématuré. C’est en 2003, que l’équipe du pr. Nicolas Lévy à Marseille découvre et décrit pour la 1ère fois la cause génétique de la progéria.

Le développement de cette maladie est rapide : on estime que les enfants atteints de la progéria vieillissent prématurément comme s’ils gagnaient 10 ans pour chaque année, ceci jusqu’à un âge moyen de 13 ans où ils meurent souvent d’un infarctus de myocarde. Ce phénomène de vieillissement prématuré touche la plupart des tissus comme la peau, les vaisseaux sanguins, le cœur, l’os et le muscle. Les patients souffrent des défauts squelettiques, osseux et musculaires. Ils se caractérisent également par un retard de la croissance raison pour laquelle leur taille n’excédent jamais 110 cm pour un poids maximal de 15 Kg. Il est connu que les enfants atteints de la progéria ne présentent aucune atteinte cognitive. Ceci a été considéré comme un phénomène surprenant étant donné les atteintes importantes des autres tissus.

Une étude publiée par l’équipe de Dr. Xavier Nissan, dans le cadre de leurs études sur la progéria, explique le mécanisme moléculaire qui protège les neurones des enfants atteints de la progéria, de l’accumulation de la prélamine A toxique (progérine).
Des cellules de la peau (fibroblastes) des patients atteints de la progéria ont été dérivées en cellules pluripotentes puis ont été différenciées en cellules nerveuses. Dans l’image, les cellules nerveuses sont marquées en vert (Tuj1), et les noyaux (ADN) des cellules nerveuses sont marquées en bleu (DapI). La lamine A, si elle présente, elle sera marquée en rouge. Cependant dans cette photo représentant des cellules nerveuses d’un patient progéria, la lamine A est absente (marquage rouge absent). 
Copyright : Xavier Nissan, I-Stem. 

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Une étude clinique a été initiée chez les patients atteints de la progéria en utilisant des inhibiteurs de la farnésyltransférase (FTIs) et/ou en combinaison avec la Zolédronate et la Pravastatine pour ralentir les effets graves de la maladie.

En collaboration avec l’équipe du pr. Nicolas Lévy, l’équipe I-Stem a développé des cellules souches pluripotentes dérivées des cellules de patients HGPS. Ces cellules sont une source illimitée et standardisée qui permet d’étudier un panel de molécules pharmaceutiques pour identifier des thérapies innovantes de la progéria.